"Elle était là, assise, sur ce grand fauteuil que j'avais toujours connu dans cette pièce, grande malgré sa petite taille, digne malgré toute sa colère. Son regard bleu me parut encore plus dur que jamais. Elle resta silencieuse à mon entrée, m'observant comme encore elle ne l'avait jamais fait. Elle me glaça".

Veuve depuis de nombreuses années, Hortense veille, enfermée dans le huit clos de son manoir, sur la réputation et les intérêts de son clan qu'elle dirige d'une main de fer, décidant de tout et pour tous, ne souffrant aucun écart ni aucune contestation à ses ordres. Elle est le symbole de cette aristocratie décadente qui se refuse à évoluer avec son temps et qui ne connait rien de l'indulgence et du compromis. On la voit peu. Et on préfère ne pas la voir tant elle fait froid dans le dos. Elle est pourtant omniprésente, tout au long de l'histoire, dans la vie de ses enfants et de ses petits enfants, guidant et conditionnant leur sort, leur vie et chacune de leurs réactions et décisions. 

"Je savais qu'il était désolé pour la violence dont il avait fait preuve à mon égard. Mais les excuses envers l'un de ses enfants ne faisaient sans doute pas partie de son idée de l'éducation ou de sa manière de concevoir nos relations. Fidèle à son éternelle pudeur et à sa retenue sans faille, il demeura impassible, laissant néanmoins entrevoir dans son regard toute sa fierté à cet instant".

Fils aîné du Clan, Philippe est celui sur qui repose désormais toute la responsabilité et la pression de la gestion des entreprises Castelbarjac, mais aussi, à qui il revient de préparer la relève avec Nicolas. Homme charismatique, intransigeant et autoritaire, parfois brutal, il ne laisse que trop rarement s'exprimer son âme tendre de père, pourtant bien présente. Ses principes et son sens du devoir à toute épreuve lui ont fait perdre son épouse, son fils ensuite, au point de tout reporter sur son neveu. Mais en dépit de ses blessures, il n'a jamais connu le doute. Nicolas est pour lui comme un fils, plus que le sien encore, en qui il projette son propre avenir. Malgré son estime et sa fierté pour lui, il ne parvient toujours pas à le considérer comme un homme ou son égal, comme en témoigne leurs relations, semblables à celles qu'il pourrait entretenir avec un adolescent. Mais il faut parfois se trouver sur le point de tout perdre, pour apprendre la nécessité du compromis. 

"Elle se tenait là devant moi, à quelques mètres, sortie de la maison pour m'accueillir, avec cette même froideur à glacer un esquimau, cette même beauté sur laquelle le temps n'avait aucune de prise, cette même droiture digne d'une mère supérieure de couvent [...] Elle esquissa un sourire à peine perceptible et me salua du bout des lèvres, posa un rapide baiser sans chaleur sur ma joue, avec toujours cette même pudeur qui l'avait empêché de me prendre dans ses bras toute mon enfance".

Aurore est la deuxième de la fratrie, la seule fille. Soumise à un mariage de raison d'où sont nés deux enfants, auprès d'un homme qu'elle n'a jamais aimé ni respecté et qui ne l'a jamais rendue heureuse, elle tient sa place, au manoir Castelbarjac, comme sa mère le lui a appris: celle d'une femme, soumise et silencieuse, qui laisse les hommes de son clan prendre les décisions et gérer pour elle, même pour l'éducation de ses propres enfants. Fermée et silencieuse, presque transparente malgré sa grande beauté, elle en devient vite antipathique. Mais ce masque de froideur, une fois tombé, risque de dévoiler une femme bien moins lisse et glacée qu'il n'y paraît. 

"A vingt ans, Max avait tout simplement fait le contraire de moi, en refusant le destin qu'on avait décidé pour lui. Il avait affronté Hortense, avec un aplomb proche de l'inconscience, pour lui dire qu'il n'irait pas à Stanford, qu'il n'épouserait pas quelqu'un de son rang mais qu'il resterait là pour faire des enfants à la femme qu'il avait lui-même choisie.[...]. Après avoir perdu sa femme, mon oncle perdit un fils [...]. Moi, à quinze ans, je perdis un frère..."

Fils unique de Philippe, aîné de la jeune génération, il est pour Nicolas plus qu'un cousin, un grand frère. A l'origine, c'était lui, en tant que premier né, l'héritier des affaires Castelbarjac, élevé, éduqué, conditionné, dès son plus jeune âge, pour ça. Mais à vingt ans, par amour, il sort brusquement du rang, laissant derrière lui ce lourd héritage qui tombera sur les épaules de Nicolas. De retour dans sa vie de manière brutale, il vient semer le doute dans son esprit par sa clairvoyance, son esprit critique, ses jugements négatifs sur sa propre famille. Son intransigeance, presque à la hauteur de celle de son père mais pour des valeurs radicalement opposées, le conduira au pire pour préserver son cousin. Mais au meilleur aussi...

"Une Castelbarjac dans toute sa splendeur qui avait su se construire avec le meilleur, ou le pire selon le point de vue, des membres de cette famille: le mépris de ma grand-mère, la beauté et la froideur de sentiment de ma mère, l’égoïsme de mon oncle Gérald, la supériorité de Philippe.Un subtil et détonnant mélange qui, malgré sa jeunesse, faisait d'elle une femme fatale et déterminée qui, sans doute, s'en sortirait mieux que nous tous."

Victoire est la fille d'Aurore et de Xavier Desenclos, petite sœur de Nicolas. Elle fait figure de jeune fille modèle dans cette éducation de l'apparence, de la bonne tenue et des convenances inculquée dans cette famille mais, se dévoile très vite, derrière sa docilité apparente et sa parfaite maîtrise d'elle même, bien différente: plus sure d'elle et intelligente qu'il n'y paraît, capable de jouer comme personne des artifices de ce monde là et de tout ce qu'il peut avoir de bon à lui offrir, malgré son statut de femme. Peste, superficielle, supérieure et arrogante, elle cache néanmoins une toute autre personnalité que peu sont capables de percevoir. Aussi belle que sa mère, elle est son reflet au même âge, et finalement, bien plus que physiquement. Mais elle est aussi celle qui, derrière la superficielle apparence et l'apparente soumission, va se révéler la plus surprenante du Clan. 

Gérald de Castelbarjac, l'oncle rassurant, pilier des apparences

Xavier Desenclos, le père indifférent et absent

Frédéric Casserac, le beau frère superficiel et supérieur

Marco et Héléna Montecciari, les parents de substition

Anthony Delcourt, l'employé plein d'avenir